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Jean Michel Basquiat

"Skull, Obnoxious Liberals, Offensive Orange, Slave Auction"


Pionnier de la culture underground, Basquiat fonde un genre nouveau : une riche fusion entre les mots, les images et les collages. Grand ami d’Andy Warhol, il imprime une sensibilité toute particulière, laquelle fait souvent écho à son enfance et à sa place dans la société. Son œuvre Skull est l’exemple parfait d’un souvenir retranscrit en peinture, poignant de complexité et dont le mystère n’a pas été entièrement percé. 


Quelques mots sur Jean-Michel Basquiat


Le monde s’arrache Basquiat depuis des années déjà. Il n’avait même pas 20 ans que les galeries new-yorkaises le considéraient déjà comme un vrai prodige. Pionnier de la période « underground », il a particulièrement bousculé le post-expressionnisme dans les années 80.


Sofi Krouk Jean Michel Basquiat

Peintre américain né à New-York en 1960, Jean-Michel Basquiat est un enfant pour le moins précoce. D’origines porto-ricaine et haïtienne, il démontre très tôt un goût pour la lecture, les mots et même pour l’anatomie. Il a seulement 7 ans quand une voiture le renverse dans la rue alors qu’il est en train de jouer.

De graves blessures le conduisent à l’hôpital et sa mère, était-ce pour lui changer les idées ou le consoler, lui apporte un exemplaire d’un manuel médical très reconnu, le Gray’s Anatomy. Un grand classique qui plonge le jeune Basquiat à se passionner pour le corps humain, ce qui ponctuera par la suite une grande partie de son Œuvre.

Aussi brève fut son existence, cet artiste a toujours manifesté l’audace et l’intelligence à travers son originalité. Un savant mélange entre les graffitis, l’écriture et l’iconographie toujours sur fond d’engagement. Disparu à seulement 27 ans, Jean Michel Basquiat laisse derrière lui plus de 800 tableaux et dessins et une empreinte reconnaissable entre mille.


Skull , 1981

Acrylique, crayon gras sur toile

Sofi Krouk Skull Jean Michel Basquiat

Renommée Skull, cette œuvre de 1981 s’intitule à l’origine Untitled comme beaucoup des peintures et dessins de Basquiat. Force est de constater que sous l’apparence simpliste d’un crâne humain se cache une véritable complexité liée à la nature même de notre condition. Une recherche picturale placée sous le signe de la dichotomie interne/externe. Basquiat multiplie les techniques dans cette toile. La peinture acrylique d’abord à laquelle il a ajouté du crayon pour un rendu tout à fait détonnant. Impossible de rester insensible face à ce crâne qui parait partiellement en décomposition !

Là est la magie de l’œuvre, on croirait à une autopsie rondement traduite par une mâchoire dépourvue de peau et un squelette visible. Mais contrairement à une simple figure squelettique, Basquiat a rajouté les yeux, les oreilles, le nez et même des poils et cheveux. Une perception externe de la tête en définitive.


Comme pour beaucoup de ses œuvres, Basquiat se met en scène dans des autoportraits qui, au premier abord, peuvent paraître manquer de réalisme. À juste titre, la patte de l’artiste est d'avantage dans l'esquisse que dans la véritable figuration.

Ce crâne est recouvert de peau noire sur la partie droite, nous ramenant évidemment à l’artiste lui-même. Est-ce pour lui une façon de se projeter dans l’après ? de faire une analyse sur sa propre anatomie ?

Il peint cette toile à seulement 20 ans, au lancement même de ce qu’allait être une carrière éclair et pourtant pleine de promesses. S’il s’agit bien d’un autoportrait, que révèle-t-il de l’artiste sur sa perception de la société ? Évoque-t-il le sujet de la race, lutte qu’il manifestait à travers ses toiles, questionnant évidemment la place de la communauté noire dans le milieu du divertissement américain.

Autre ambivalence intéressante, le rapport entre la vibration des couleurs assez positives qui encadrent le crâne et la profonde noirceur disséminée sur un visage à demi construit. Le regard parle pour lui-même, révélant une tristesse, tout du moins teintée par un sentiment d’abattement.

Le coin de la bouche est replié, les yeux sont bulbeux et engoncés, les dents crispées. Quelle émotion Basquiat cherchait-il à retranscrire ici ? Une chose est sûre, il était obsédé par l’idée qu’il ne vivrait pas bien longtemps. Avec cette toile, il révèle une physiologie interne mêlée à un psychisme bien conscient.

Les organes sensoriels sont présents, un crâne décomposé pleinement disposé à vivre ? Une réflexion régulièrement portée par l’artiste dans l’ensemble de ses toiles.


Demeure encore le mystère de ces inscriptions au-dessus du crâne et en bas à droite du tableau. Quel message à travers une telle représentation ? Pris séparément, les éléments de cette toile portent en eux la cohérence : les sens sont retranscrits d’une part et un autoportrait est supposé d’autre part.

À cela s’ajoute l’étude complexe d’un crâne que l’on devine mort, sans forcément pouvoir l’affirmer. Ce visage pratiquement décharné est captivant, passionnant à analyser même s’il porte en lui des questions auxquelles l’artiste n’a jamais vraiment répondues. Peu importe finalement si incohérence il y a, puisqu’elle reste maîtrisée de bout en bout chez Basquiat.


Obnoxious Liberals, 1982

Acrylique, crayon gras et peinture aérosol sur toile



Basquiat prétendait ne faire que "parfois, de temps en temps" des autoportraits, ils se retrouvent pourtant dans toute son oeuvre. L'expérience du racisme le touche en premier lieu et c'est contre lui que se dressent ses héros, ses saints et ses martyrs auxquels il est impossible de ne pas l'identifier. Ici, il représente l'histoire de Samson - figure biblique de l'esclave - sous la forme d'un homme noir, enchaîné entre deux colonnes blanches. Ses cheveux, source de sa force, ont été rasés. À droite, une figure trapue au visage doré, coiffée d'un chapeau de cow-boy et entourée de symboles du dollar incarne la capitalisme. Au centre, l'homme coiffé d'un haut--de-forme, tenant des flèches et les bras levés, peut être lu comme figure du marchand d'esclaves (ou d'art). Un " NOT FOR SALE" ("pas à vendre") rageur est incrit sur son corps.



Offensive Orange, 1982

Acrylique et crayon gras sur bois



Diptyque réunissant deux compositions un temps séparées, l'oeuvre appartient au cycle de personnages totémiques réalisés en 1981 et 1982. L'iconographie est réduite à son minimum. Deux glaives situent les protagonistes comme des guerriers archaïques. Une couronne d'épines surplombe celui de gauche, en position de défense. Des cheveux hirsutes coiffent le second, saisi dans un mouvement d'attaque dont la dynamique est accentuée par des traits secs. Partout des inscriptions, à la limite de la lisibilité, font entendre la confusion d'une bataille dont la violence est répercutée par la couleur dominante de l'oeuvre, un orange agressif.



Slave Auction, 1982

Collage de papiers froissés, pastel gras et acrylique sur toile




Douleur lancinante dans la majeur partie de l'oeuvre de Basquiat, la traite esclavagiste est ici traitée frontalement. Dominant, le marchand d'esclaves est représenté devant les victimes dont la souffrance est symbolisée par un crâne surmontée d'une couronne d'épines. Au centre, bateau doré rapelle la traversée forcée de l'atlantique. La foule des esclaves ou des spectateurs est elle, traitée de manière très singulière par l'usage d'un papier collé dont la répétition fait masse.


 

SOFI.KROUK ®

Styliste capillaire et spécialiste en tricopigmentation / dermopigmentation capillaire depuis des années à Paris, Sofi aide sa clientèle féminine et masculine à restaurer leur densité, leur implantation capillaire & leur confiance.

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